La Russie éternelle

La littérature et le cinéma ont beaucoup contribué à nous faire rêver des vastes étendues de la Russie tsariste. C’est donc naturellement, après la chute du régime soviétique, que cette destination devient envisageable. D’ailleurs une agence italienne organise depuis quelques années, des voyages à Moscou et St Pétersbourg intégrant l’Anneau d’Or, à l’intention des associations de camping-caristes.

L’originalité de notre voyage c’est de l’avoir préparé et réalisé nous-mêmes. Cela a nécessité six mois de préparation à lire les guides, étudier les cartes et utiliser Internet pour profiter de l’expérience de quelques individuels. Notre carnet de route étant bouclé et les demandes de visa lancées, le temps restant avant le départ est mis à profit pour peaufiner et préparer le véhicule.

Il faut dire que nous adhérons à l’association « Voyages utiles en camping-car » et notre préparation doit intégrer le matériel que nous transportons à St Pétersbourg au profit de l’association humanitaire « ALYONOUCHKA».

Le départ a lieu le samedi 4 juin, depuis le point de regroupement du matériel à Clermont-Ferrand où les 8 équipages se sont donnés rendez-vous et ont chargé chacun environ 200 kg de matériel humanitaire destiné à des petits orphelins.

La France, l’Allemagne, la Pologne et la Lituanie sont rapidement traversées.

Nous passons par Siaulai pour voir la colline aux croix, où des catholiques tinrent tête aux soviets, puis nous rejoignons Riga la lettone..

Riga ne manque pas d’intérêt avec ses édifices aux façades flamandes, son marché situé dans d’anciennes halles dévolues au remisage des Zeppelins, les fameux dirigeables, ses ruelles, ses parcs et l’église St Pierre dont on peut, depuis le sommet de la tour, embrasser toute la ville.

Nous reprenons la route en longeant le rivage de la mer Baltique en direction Tallin.

Nous tombons sous le charme de la capitale estonienne éclatante de couleurs au soleil de ce début d’été.

Beaucoup de jeunesse et de touristes, principalement venus de la Finlande voisine.

Sur la route de St Pétersbourg

Après une étape en bord de mer à Lümala nous arrivons à Narva à la frontière russe. A 5H00 du matin nous nous présentons au « transit » (parking de rétention afin de ne pas créer une file d'attente qui couperait la ville en deux) et de là nous gagnons la frontière située de part et d’autre du fleuve. Les formalités durent environ 2 heures. Puis c’est la route pour St Pétersbourg. Au bout de 10 km, arrêt à un contrôle de police pour vérification des papiers et tout particulièrement le permis international.

A 12 h 15 nous sommes à l’orphelinat, dans la banlieue sud de St Petersbourg. Les dirigeants d’Alyonouchka nous reçoivent chaleureusement et nous offrent une petite collation. Photos devant l’amoncellement du matériel transporté et nous poursuivons la traversée de la ville pour trouver le parking de la maison de la culture Progress.

Nos hôtes nous accueillent. Sacha notre interprète est là. Après l’installation nous allons avec Sacha découvrir le quartier, celui de la gare de Finlande : banque – supermarché – station de métro.

Le lendemain la journée commence par la visite de la ville en bus avec les commentaires de notre interprète. Retour à pied pour visiter ce joyaux qu’est l’église du Saint Sauveur sur le Sang Versé, contrastant avec les bâtiments néo-classiques qui l’entourent - la cathédrale de Kazan, inspirée de St Pierre de Rome - Nevski Prospekt véritable cœur de St Pétersbourg - et traversée de la Néva sur le pont Liteiny .

En cette troisième journée nous découvrons le métro le plus profond du monde (100 m) pour nous rendre au musée de l’Ermitage. 5 heures de visite permettent à un profane de voir l’essentiel des riches collections, depuis Léonard de Vinci et Raphaël, jusqu’à Henri Matisse et Pablo Picasso.

 

Au sortir, nous traversons la Néva pour rejoindre l’île Vassilevsky et pour aller à la forteresse St Pierre - St Paul, berceau de la ville, dominé par les 122 m de la flèche dorée de sa cathédrale. Nous apercevons également le croiseur Aurore, ancré devant l’école navale.

Quatrième jour pétersbougeois, départ en bus pour Péterhof. C’est le Versailles de Pierre le Grand. Il fait bon flâner dans les jardins magnifiques avec statues dorées et jets d’eau, d’autant que le beau temps nous accompagne depuis notre départ de France.

Ce soir Sacha nous emmène découvrir sa ville en bateau au travers des canaux qui la quadrillent. Après le débarquement nous attendons la tombée de la nuit vers 23H30 et la levée des ponts pour le passage des cargos. Il est alors 1H30. Et cette nuit nous nous couchons à 3H00 alors que le soleil commence à pointer au-dessus de St Petersbourg.

Demain, c’est notre cinquième et dernière journée dans la ville de Pierre le Grand. Nous la mettons à profit pour acheter des souvenirs et flâner dans les rues. C’est aussi l’occasion d’aller manger russe dans un resto près de Nevski Prospekt.

 

L’Anneau d’Or

Il faut effectuer près de 800 km à travers forêts et marais pour rejoindre Serguiev Possad, la première ville de l’Anneau d’Or. Les villes qui le composent  ont toutes eu un rôle historique dans la Russie des tsars.

La foule en ce dimanche est venue pour voir le patriarche orthodoxe. Il est vrai que Serguiev Possad bénéficie d’un magnifique et rare monastère majeur appelé « Laure », où l’on vénère Saint Serge son fondateur.

A présent nous visitons les villes de Pereslavl-Zalessky au bord du lac Pletchcheïevo et de Rostov , dont les ensembles architecturaux sont en cours de restauration. Puis c’est Yaroslavl sur les rives de la Volga. Plus que la richesse de ses églises et monuments (nous sommes devenus un peu blasés !) c’est surtout la puissance du fleuve qui impressionne : large de près de 500 m il est parcouru par des cargos et d’immenses péniches hôtelières pour touristes.

De toutes les villes de l’anneau d’Or que nous avons visitées, c’est sans aucun doute Suzdal que nous avons la plus appréciée. Cette bourgade possède un patrimoine architectural remarquable, mis en valeur par l’absence de site industriel. Ville musée classée par l’UNESCO, elle étonne par la densité de ses édifices religieux.

Vladimir sa grande voisine est un peu décevante, mais peut être faut-il s’attarder pour découvrir ce que la ville nous cache.

Moscou la capitale

L’arrivée à Moscou par l’autoroute M8 impressionne par l’importance des infrastructures routières et son trafic. Nous arrivons, en début d’après-midi, à notre parking au stade de glace du Spartak, dans le quartier Sokolniki. Installation, parmi une vingtaine de camping-cars italiens, sur la patinoire extérieure.

Maria notre interprète nous emmène en métro faire un tour dans le quartier d’Arbat : c’est un peu le Montmatre moscovite. Nous en profitons également pour visiter les stations de métro les plus représentatives de la mégalomanie de la période stalinienne.

Le lendemain nous faisons plus ample connaissance de la ville en la parcourant en minibus. Durant 4h nous découvrons cette immense métropole de 12 millions d’habitants : la Place Rouge théâtre d’un énième défilé militaire – l’église de Basile le Bienheureux avec ses bulbes polychrome – le Parlement – le couvent de jeunes filles au Monastère de Novodiévitchi – le parc de la Victoire de 41/45 avec ses jets d’eau. Après déjeuner nous terminons la journée par une balade à pied près du Kremlin et du Bolchoï.

Pour cette troisième journée moscovite, nous avons choisi de visiter le Kremlin. Ce ne sont que dorures et apparats qui nous attendent. Là encore il y a des défilés militaires. Les églises sont remarquables et d’une richesse inestimable. Nous n’oublions pas le canon en bronze et la cloche cassée. La journée s’achève par l’achat des derniers souvenirs et cadeaux car demain c’est le départ.

Tôt en ce dimanche matin, nous traversons Moscou déserte. 150 km d’autoroute gratuite et puis la longue route vers la frontière lettone. La monotonie de l’itinéraire n’est troublée que par la tombée des trombes d'eau qui ponctuent notre « retraite de Russie » !

 

Nous passons la frontière en fin d’après-midi, sans encombre, mais content de se savoir dans l’Union Européenne !

La Lettonie dans cette région a des aspects finlandais : lacs , forêts, maisons en bois.

Arrêt à Vilnius la capitale de la Lituanie. Ville jolie mais sans beaucoup de caractère. Passage à Trakaï pour visiter le château et nous gagnons la Pologne.

 

Nous ne sommes pas prêts d’oublier les moments passés dans cette famille de Rutka Tartak près de la frontière de Kaliningrad, qui nous a accueillis pour dîner . Le grand- père au violon, accompagné de 4 de ses petits enfants nous ont offert un pot pourri des mélodies paysannes polonaises, nous entraînant dans des valses et polkas endiablées.

Nous repartions le lendemain chargés de produits de la ferme, en direction de Gdansk.

 

La ville de Lech Valesa mérite bien une visite avant d’aller à Berlin et de rentrer en France !

 

 

Conclusions :

Pour un premier voyage en Russie on s’imagine toujours les choses au pire.

Nous redoutions deux difficultés :

  1. Obtenir le visa. En fait, il faut débuter très tôt les formalités car les dossiers sont rarement bons la première fois, surtout si l’invitation vient de Russie. L’aide d’une agence est pratiquement obligatoire si l’on ne réside pas dans une ville consulaire.

  2. Le passage de la frontière. Mais les fonctionnaires russes se sont avérés sympathiques, sauf qu’ils ne parlent que le russe, donc beaucoup de temps pour remplir les innombrables imprimés (quelques exemplaires en anglais ou allemand mais pas en français !). L’achat de l’assurance se fait également au poste frontière

Notre parcours russe s’est effectué sur 15 jours. Au delà il faut produire un programme avec les adresses de résidence, ce que nous n’étions pas en mesure de faire au moment de la demande de visa ni même lorsque nous recherchions un bivouac !

Nous revenons de notre périple, qui aura duré 6 semaines en tout et 8200 km, avec la ferme intention de retourner dans ce pays si vaste qui nous réserve encore plein de merveilles à découvrir de la mer Blanche au lac Baïkal