Voyage en Arménie 2007

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Lorsqu’en 2005 nous étions venus découvrir la Turquie, nous nous étions limités à sa partie occidentale, ce qui est déjà une gageure pour un pays deux fois grand comme la France. Nous étions repartis avec un sentiment de frustration et un goût d’inachevé et le projet de revenir bientôt pour faire connaissance avec la partie orientale, sans doute plus authentique et contrastée culturellement.

En effet la Turquie de l’est est fortement peuplée de kurdes et d’arméniens et comme cette année est celle de l’Arménie, très vite l’idée nous vient de faire connaissance de ce pays dont on parle beaucoup suite au génocide perpétré par des turcs.

Malheureusement, mais heureusement pour nous, l’accès directe en Arménie par la Turquie est impossible depuis la fermeture des frontières suite au soutien d’Erevan aux sécessionnistes du Haut-Karabagh. Il faut obligatoirement transiter par la Géorgie ou par l’Iran. L’occasion est trop belle pour connaître ce petit pays du Caucase, nous passerons donc par la Géorgie et irons même au Nagorny-Karabakh pour livrer l’association humanitaire SPFA (solidarité protestante France Arménie) au profit des plus déshérités de cette région.

Pour gagner la Turquie il y a plusieurs itinéraires. Nous avons choisi de passer par l’Italie, la Slovénie, la Croatie, la Serbie et la Bulgarie. De Suze, au pied du col du Mont Cenis, jusqu’à Nis en Serbie, nous avons emprunté l’autoroute par soucis de rapidité. Après un passage au monastère de Rila en Bulgarie, nous entrons en Turquie par Edirne, où l’on reprend l’autoroute jusqu’à Bolu, au nord d’Ankara. Nous gagnons les bords de la Mer Noire et Samsun par une route à 4 voies.

La côte turque sur la Mer Noire n’offre pas un grand intérêt et nous la parcourons rapidement.

11 jours après le départ de Clermont-Ferrand et 4200 km, nous rentrons facilement en Géorgie

Attachante Géorgie.

Batoumi est tout de suite là. Ville importante, c’est le débouché maritime du pays. Elle présente trois facettes : la partie proche du littoral très européanisée, les quartiers à l’intérieur des terres d’inspiration soviétique avec de grands immeubles délabrés, et entre les deux, un quartier commerçant qui s’apparente à un souk.

Changements importants par rapport à la Turquie: on est en pays chrétien et l’on peut voir des femmes en tenue d’été et en maillot de bain sur la plage, et le matin nous ne sommes plus réveillés  par l’appel à la prière du muezzin !!!

Nous prenons prudemment la route pour Kutaisi, deuxième ville du pays. Dès les premiers kilomètres nous constatons que les géorgiens s’affranchissent complètement des règles du code de la route : dépassements sur bande continue au sommet d’une cote ou dans un virage et même en troisième position ne leur posent pas de problème, sans parler du non respect des limitations de vitesse.

 

Arrivés à Kutaisi nous recherchons une signalisation nous permettant d’aller au monastère de Gelati, mais c’est en vain. Heureusement la police nous vient en aide et c’est précédé par sa Skoda Octavia, gyrophares allumés et haut-parleur demandant aux autres usagers de se garer, que notre convoi est guidé jusqu’à son but. Toute la nuit deux autres policiers monteront la garde devant les camping-cars et le matin, l’un d’eux nous fera ouvrir les portes des trois églises et nous guidera pour visiter le complexe monastique.

Sur la route de Tbilissi nous faisons halte à Gori, ville dont était originaire Joseph Staline. Le musée qui lui est consacré retrace son parcours. Pour l’anecdote nous voyons exposé dans une vitrine, le cadeau offert par le parti communiste français au dictateur soviétique. Nous bivouaquons sur la place face à l’entrée du musée et sympathisons avec la jeune femme qui tient le kiosque à tabac ainsi que le patron de la petite gargotte où nous dînons pour 2 € personne.

Les géorgiens sont heureux et fiers de notre visite : ils veulent parler avec nous et bien souvent sur la route, lorsqu’ils nous doublent, il lèvent un pouce pour nous montrer leur satisfaction. Les quelques rudiments de russe que nous connaissons, nous permettent de communiquer avec la population.

Tbilissi s’étale le long de la rivière Mtkvari, coincée entre deux montagnes. En l’absence d’indications, nous demandons notre chemin et fort gentiment un taxi nous guide jusqu’au square de l’Europe près du centre ville où nous allons stationner pendant trois jours.

 

Nous faisons physiquement connaissance avec Mzia notre correspondante internaute, qui va nous guider pour visiter la ville et le sanctuaire de Mtskhéta.

 

L’avenue Rustaveli, les Champs Elysées locaux, fait la fierté de Mzia, avec ses grands magasins de luxe.

Nous essayons les bains sulfureux, mais ils sont trop chauds, peut-être plus de 50°C, alors nous confions nos corps au massage géorgien, très proche des pratiques turques.

Mzia nous accompagne pour visiter musées et églises, ainsi que la nouvelle cathédrale, immense bâtiment richement décoré de marbre et de dorures, don d’un richissisme géorgien installé dans les affaires en Russie.

Nous avons beaucoup aimé Tbilissi, à tel point que nous y ferons halte au retour d’Arménie !

 

L'accueil du peuple arménien

La frontière arménienne est à 1h30 de la capitale géorgienne. Nous allons y rester 4 heures. En effet les prétentions du gouvernement arménien sont exorbitantes : visa 30 $ par personne ou 30 € (devinez où va la différence !) et taxe d’importation du véhicule de 88 €. Nous discutons mais le fonctionnaire ne veut rien savoir et s’occupe des routiers turcs bien plus "compréhensifs " que notre petit groupe de français !!!

Nous continuons en direction de Yerevan et à la recherche d'un bivouac, nous trouvons refuge dans le petit village de Koutchak. La population nous fait fête et nous faisons la connaissance de Anahite,  professeur de français.

En venant de Vadnazor, Yerevan surgit de la brume qui la recouvre. Nous réussissons à garer nos camping-cars au parking du vélodrome tout proche de l’ambassade de France, donc en plein centre ville.

 

Le centre de Yerevan c’est la place de la République et le quartier de l’Opéra. C’est en effet très animé et les gens y circulent jusqu’à tard dans la soirée. Ce qui frappe le plus lorsqu’on est à Yerevan, c’est l’omniprésence du Mont Ararat où l’arche de Noé se serait échouée et dont la calotte blanche du glacier sommital brille au soleil à travers la brume.

Avant de quitter la capitale arménienne nous rendons visite au mémorial du génocide, puis nous prenons la route du Haut Karabagh. Le paysage redouble d’aridité, il est vrai que nous nous rapprochons de l’Iran, d’ailleurs nous rencontrons des camions citernes immatriculés dans la république islamique.

Nous déposons le matériel que nous avons amené de France dans l’école d’un petit village au nord de Stepanakert. Nous assistons ainsi à la rentrée des classes le lendemain matin, et à la séance de gymnastique préliminaire.

Puis nous revenons en Arménie pour continuer la visite des sites les plus remarquables, ce qui nous conduit au monastère de Tatev. Nous passons une soirée mémorable en compagnie de deux couples arméniens qui ne veulent pas comprendre qu’il faut mettre de l’eau dans le Ricard !!! La bouteille d’un d’entre nous sera éclusée en grande partie par les deux hommes qui repartiront dans un triste état. Nous avons cru comprendre qu’ils étaient policiers.

En franchissant le col de Sélim on accède directement au lac Sevan que nous contournons par l’ouest afin de gagner les monastères d’Haghartsine et de Goshavank, deux spécimens de cette architecture arménienne si particulière.

Nous voici à nouveau au poste frontière entre l’Arménie et la Géorgie. On nous réclame cette fois 22 €. Nous demandons pourquoi, alors on tente de nous expliquer qu’il s’agit d’une taxe d’exportation !

Retour à Tbilissi sur le square de l’Europe où Mzia nous attend. Nous allons passer la soirée dans un restaurant typique de la vieille ville. Khatchapuri et aubergines aux noisettes sont au menu et c’est succulent.

La Turquie kurde et arménienne

Une journée pour rejoindre Batoumi et nous revoici en Turquie. Après la frontière nous nous élevons au-dessus de la Mer Noire et passons par le col de Camlibel Geçidi pour gagner Kars et le site antique d’Ani (ancienne capitale arménienne).

La route qui conduit à Dogubayazit passe au pied du Mont Ararat. Nous faisons halte au camping Murat qui jouxte le palais d’Isak Pasha, magnifiquement conservé. Cette étape nous permet de faire une petite escapade à pied dans la montagne pour admirer le Mont Ararat dans toute sa splendeur.

La chaîne montagneuse que nous suivons pour gagner le lac de Van est adossée à la frontière iranienne et nous devons franchir plusieurs barrages de la Jandarma, mais jamais d’animosité, au contraire elle est toujours prête à nous protéger.

L’île d’Akdamar nous donne l’occasion de faire une petite croisière sur le lac de Van pour la rejoindre et visiter son église arménienne d’une très grande richesse avec des bas-reliefs magnifiques.

Nous continuons notre marche vers l'ouest, jusqu'à Catakkopro pour admirer le très vieux pont Malabadi.

Puis direction Malatya, la capitale de l'abricot. Cette fois nous gravissons le Nemrut Dagi par la route nord, 84 km de route sinueuse et montagneuse dans un décor magnifique alternant les roches blanchâtres et les villages enfouis dans la verdure pour arriver au parking de l’hôtel Euphrat. Nous terminons à pied les 2 derniers km pour aller admirer le coucher de soleil sur les immenses têtes des statues de la terrasse ouest.

En deux jours nous arrivons en Cappadoce et commençons par la visite de la vallée de Soganli, puis nous reprenons notre bivouac d’il y a trois ans dans la plaine de Cavusin. C’est un lieu central pour visiter cette région. Nous retrouvons avec plaisir Aïsha et sa cuisine locale, et Mohamed qui organise les sorties en Montgolfière, enfin Mehmet nous guide à travers la Vallée Rose.

Nous allons à Urgup goûter aux délices du hammam, à Goreme pour visiter le musée de plein air et à Avanos, guidés  par notre ami Erhan, nous visitons l’école de tapis et rendons visite au meilleur barbier d’Avanos et de toute la Cappadoce, pour bénéficier de ses massages de visage, de son tirage d’oreilles (et oui !!!) et du fauteuil vibrant. Enfin, pour fêter nos retrouvailles, Erhan organise une petite soirée où il interprète son répertoire en s’accompagnant de son saz (genre de guitare). Le lendemain étant vendredi, jour de marché à Avanos, nous faisons nos provisions avant de prendre la route d’Istanbul.

Nous faisons un détour par Bogazkalé, pour visiter le site Hittite vieux de 3000 ans.

Impossible de passer à Istanbul sans s’arrêter. C’est avec délice que nous retrouvons la Corne d’Or. Un regret toutefois : il n’y a plus de camping pour visiter facilement Istanbul. Le plus connu, Atakoy, est aux mains des démolisseurs pour être livré aux promoteurs.

Le retour vers la France se fera par la Grèce et une petite découverte de la cote albanaise, avant d'arriver au Monténégro par la route qui domine les magnifiques Bouches de Kotor.

Une incursions en Bosnie pour aller voir Mostar et son pont historique, et c'est la traversée de la Croatie et de l’Italie.

Conclusions

Ce périple de 61 jours et de 13000 km s’est déroulé sans aucun incident, dans de très bonnes conditions météorologiques. Nous sommes tous très heureux d’avoir découvert deux pays hors des sentiers battus, qui sortent de 50 ans de communisme. Tout est à reconstruire, et c’est en cours. A notre avis, il faut se dépêcher d’y aller pour rencontrer l’authenticité.

L’accueil des géorgiens et arméniens est à la mesure de leurs attentes: énorme !

Je voudrais dédier ce voyage à Gérald Denis, un ami internaute belge, qui n’a pu réaliser son rêve d’aller en Arménie, avant que la maladie le prenne.

 

 

 

 


PRATIQUES en Turquie – Géorgie - Arménie

 

Formalités :

  1. Passeport en cours de validité

  2. Permis de conduire international en cours de validité (valable 3 ans)

  3. Carte grise du véhicule

  4. Carte verte d’assurance pour la Turquie.

  5. Pour la Géorgie et l’Arménie assurances à prendre sur place

  6. Visa pour l’Arménie (30 $) à prendre à la frontière

  7. Pour le Haut Karabagh visa à prendre à Erevan (surtout ne pas mettre sur le passeport)

  8. Pour l’Arménie taxes d’import-export du véhicule (88+22 €)

Devises :

Turquie : la lira (YLT) 1 € = 1,65 liras

Géorgie : le lari (GEL) 1 €= 2,16 laris

Arménie : le Dram (AMD) 1 € = 441 drams

Les banques disposent de DAB pour les cartes de crédit

Conduite :

Les autoroutes et les routes sont très bonnes en Turquie. Le pays transforme ses routes nationales en 2x2 voies.

En Géorgie et Arménie, les revêtements des routes est moyen. Faire très attention dans les agglomérations, certaines plaques des regards peuvent être absentes.

La conduite des turcs semble s’être améliorée. Par contre celle des géorgiens et des arméniens est franchement dangereuse. Il est donc recommandé de rouler lentement et ne jamais conduire de nuit.

La signalisation routière est quasi inexistante en Géorgie et Arménie

Gasoil :

Dans les trois pays les stations services sont nombreuses.

Pour autant, l’approvisionnement en gasoil n’est pas aisé car la commercialisation du carburant correspondant à nos moteurs à pompe très haute pression n’est pas garantie.

On trouve du "dizel", du "dizel 500", de "l’eurodizel", de "l’ikodizel",….

Malgré les mélanges, nous n’avons pas eu de problème, mais nous ne sommes pas certain d’avoir suivi les préconisation des constructeurs.

Sécurité :

A part l’insécurité routière, toute relative, nous n’avons jamais eu la moindre crainte.

Partout où nous avons été accueilli par la population, nous n’avons eu à subir les débordements que l’on rencontre par exemple au Maroc.

Pas de mendicité, seulement un peu de curiosité.

En Turquie du sud-est, beaucoup de barrage de la Jandarma, à la recherche des terroristes du PKK.

Hébergement :

Il n’existe pas de structure pour nous accueillir en Géorgie et en Arménie. Nous avons facilement trouvé des endroits pour bivouaquer y compris à Tbilissi.

A Erevan nous sommes allés au parking gardé du vélodrome. Prix 150 \ pour 7 camping-cars pendant 3 jours

En Turquie nous sommes allés aux "campings"de Dogubayazit et d’Akdamar pour une somme modique, voir gratuit si nous prenions le repas au restaurant.

A Istanbul nous sommes restés au parking gardé de la station service Shell d’Atakoy pour 10 liras/CC/jour

Vidanges et approvisionnement en eau :

On trouve des fontaines le long des routes de partout pour s’approvisionner en eau, mais cette eau ne doit pas être bue. Ne boire que de l’eau en bouteilles capsulées.

Pour les vidanges des eaux noires, utiliser les wc publics quand il y en a, sinon, vidanger discrètement dans la nature en prenant soin de ne pas mettre de produit chimique. Nous étions équiper de système SOG..

Langues parlées :

A défaut de connaître le géorgien et l’arménien, on se fait parfaitement comprendre en russe même dans les campagnes. La connaissance du cyrillique est fortement recommandée pour pouvoir lire, lorsqu’ils existent, les panneaux routiers.

En Turquie dans les lieux touristiques l’anglais et parfois le français sont connus